Historique des pesticides

Étymologiquement, le mot « pesticide » est formé de « pestis- », signifiant maladie contagieuse en lation (« pest- » désigne, lui, un nuisible en anglais) et de « -cide », suffixe désignant l’action de tuer en latin. Ce mot qualifie donc les substances chimiques utilisées pour lutter contre, voire éradiquer, les organismes nuisibles aux cultures humaines. 

C’est un terme plutôt générique, qui regroupe beaucoup de substances chimiques différentes, et principalement utilisé en agriculture, même si on en retrouve dans les foyers domestiques, à plus petite échelle (notamment les insecticides et les herbicides). Les quatre grandes familles de pesticides sont les herbicides, les fongicides, les insecticides et les parasiticides ; il en existe une grande variété d’autres, chacune ayant ses propres spécificités (comme les bactéricides ou les virucides).

Les pesticides à travers les âges

Si le recours intensif aux pesticides dans l’agriculture conventionnelle est plutôt récent, ces méthodes sont pourtant connues depuis des millénaires. Les nuisibles étaient déjà chassés par les Grecs antiques, qui avaient élaboré des méthodes naturelles à base de soufre, aux alentours de l’an 1000 avant J.-C. Sous l’Empire Romain, on préférait utiliser l’arsenic contre les insectes ; cette méthode fut également appréciée au XVIe siècle par les Chinois et les Européens, qui leur ajoutaient même un peu de plomb. Au Moyen Âge aussi, la lutte contre les nuisibles existait ; les rongeurs étaient notamment chassés par l’utilisation d’aconits, des plantes montagnardes toxiques. En Inde, le tabac était utilisé comme insecticide au XVIIe siècle, et l’Europe s’en inspira vers 1900. On retrouve d’ailleurs plusieurs ouvrages de cette époque dédiés aux premiers pesticides, alors désignés sous le nom de « poisons ».

C’est en 1807 que la découverte des propriétés du sulfate de cuivre contre la carie du blé marque un tournant dans l’histoire des pesticides. C’est à partir de cette date que se développent les pesticides minéraux, notamment les fongicides à base de sulfate de cuivre. Les vignes étant très touchées par les invasions agressives de champignons, notamment du mildiou, la « bouillie bordelaise » est mise au point aux alentours de 1885. Mélange de chaux et de sulfate de cuivre, la mixture se révéla très efficace, mais très nocive pour les sols, le cuivre n’étant pas biodégradable. Les fabricants de pesticides se sont ensuite tournés vers les sels de mercure, mais leur toxicité les fit interdire dans les pays de l’OCDE.

Histoire moderne des pesticides

Les Première et Seconde Guerres mondiale donnent un coup d’accélérateur aux recherches sur les pesticides chimiques. Le DDT ou dichlorodiphényltrichloroéthane est commercialisé comme insecticide en 1943 et dominera le marché jusqu’à son interdiction en 1970. Son contemporain, l’herbicide 2,4-D, développé en 1944, est toujours utilisé à l’heure actuelle ; c’est aussi le cas du malathion, né en 1945.

Les découvertes s’enchaînent et sortent successivement des herbicides des familles ammonium quaternaire, triazines et urées substituées ; puis les fongicides IBS, suivis des SDHI, voient le jour – ils représentent toujours le plus gros marché des fongicides. Les pyréthrinoïdes, des insecticides puissants toujours parmi les plus utilisés, apparaissent eux dans les années 1980.

La recherche s’oriente aujourd’hui sur la recherche fondamentale par le biais de la compréhension de nouvelles cibles, et la modélisation de molécules informatiquement.